- désincarnation
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● désincarnation nom féminin Action de se désincarner ; fait d'être désincarné.⇒DÉSINCARNATION, subst. fém.A.— [P. réf. à la chair en tant que composante prédominante du corps hum.; le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] RELIG., SPIRIT. Fait d'être dépouillé (par la mort) de l'enveloppe charnelle, du corps. La désincarnation, la transmigration des âmes, l'évocation des morts (PROUST, Filles en fleurs, 1918, p. 819).— P. métaph. [Le compl. d'obj. dir. désigne une valeur abstr.] Fait d'être dépouillé de la possibilité d'avoir un représentant en chair et en os. Le jugement du roi (...) symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du dieu chrétien. (...) on tue son représentant historique, il n'y a plus de roi. Il n'y a donc plus qu'une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 152).B.— [P. réf. à la chair comme synon. de matière en gén., p. oppos. à l'esprit; le compl. d'obj. dir. désigne une pers., une valeur ou une œuvre hum.] Action ou fait de se détacher de la condition humaine, du monde des apparences, de la réalité présente par le pouvoir de l'imagination, par un effort intellectuel ou une volonté d'ascèse spirituelle. La désactualisation du voyant est une désincarnation partielle; mais quitter son corps signifie cesser de s'en servir (MARCEL, Journal, 1920, p. 263). Il faut que l'action d'un ballet, pour être « possible », sache se détacher de la réalité (...) qu'intervienne une suffisante « désincarnation » (...) qu'au personnage (historique ou non) se soit substituée une image abstraite, légendaire, mythologique (LIFAR, Traité chorégr., 1952, p. 48) :• On se rappelle ce portrait du philosophe que Platon trace dans le Phédon (...) comment le philosophe désincarné (...) perd tous ses traits singuliers pour devenir regard universel. C'est exactement cette désincarnation que recherchent certains Israélites.SARTRE, Réflexions sur la question juive, 1946, p. 145.Prononc. :[
]. Étymol. et Hist. 1913 (PROUST, Swann, p. 356). Dér. du rad. de désincarner; suff. -(a)tion. Fréq. abs. littér. :19.désincarnation [dezɛ̃kaʀnɑsjɔ̃] n. f.ÉTYM. 1913; de désincarner.❖1 Relig. Fait d'être dépouillé du corps (par la mort). || La désincarnation des morts.1 (…) ils ne sont ni secs ni morts ils dorment empalés sur des couteaux de boucherie désincarnation extase ils rient silencieusement comme des idiots mystiques (…)Tony Duvert, Paysage de fantaisie, p. 182.2 Didact. ou littér. Action de se détacher de la condition humaine, de la réalité par un effort intellectuel, le pouvoir de l'imagination.2 On se rappelle ce portrait du philosophe que Platon trace dans le Phédon (…) comment le philosophe désincarné (…) perd tous ses traits singuliers pour devenir regard universel. C'est exactement cette désincarnation que recherchent certains Israélites.Sartre, Réflexions sur la question juive, p. 145.
Encyclopédie Universelle. 2012.
